• UN VISAGE, UN JOUR CHRISTINE DUMOULIN-LAKIÈRE
« Pourquoi j'ai décidé d'écrire un livre ? » Christine Lakière, qui nous reçoit dans sa maison de la rue du Kemmel à Armentières, tend un papier : « Pour ça ! ». Il s'agit d'une ordonnance de non lieu signé du procureur de la République tombée dans sa boîte aux lettres le 11 mars 2009. « Le soir même, je commençais à écrire et je ne suis plus arrêtée pendant trente jours ». « De 9 h à midi et de 14 h à 17 h » précise Thierry, son mari. L'ordonnance en question est en fait, pour parler simple, une fin de non recevoir de la justice après l'action intentée par Christine Lakière contre les services de police pour « non assistance à personne en péril ». Car le chagrin de Christine après la mort de son frère Maxime est sans doute aussi grand que sa colère. Bref rappel des faits : le 27 avril 2004, Christine Lakière constate la disparition de son petit frère, alors âgé de 42 ans. Depuis l'enfance, Christine veille sur son petit frère, un garçon doux, pas comme les autres, qui vit dans un nuage de gentillesse et de tendresse. Elle est inquiète. prévient la police. Pas normal qu'il ne donne plus signe de vie, lui qui ne lassait pas passer une journée sans voir sa soeur. Elle se doute qu'un certain Jérôme - un mauvais garçon qui lui avait mis le grappin dessus - est derrière cette histoire. La police ne prend pas au sérieux le signalement de Christine. Le 3 mai, c'est elle-même qui sort son frère des griffes du trio qui, depuis cinq jours le séquestre et le roue de coups. Mais quand elle récupère son frère et met en fuite Jérôme sur son scooter, il est trop tard : Maxime est salement amoché. Il succombera à ses blessures deux mois plus tard. Christine raconte tout cela et la suite : les obsèques de son frère avec un morceau de Jimmy Hendrix la machine judiciaire qui se met - enfin - en route l'arrestation des deux garçons et de la fille, mineure la mort, en détention, de Jérôme le procès, à la cour d'assises de Douai, à la mi-octobre 2007. D'une plume alerte, touchante de sincérité, Christine nous fait découvrir, de l'intérieur, le monde des visiteurs des services de réa, celui des justiciables qui se démènent tant bien que mal avec la police, celui des parties civiles qui attendent tant d'un procès. Et celui d'une petite fille devenue femme libre et tellement fragile. « Je t'aimais beaucoup avant de lire son livre, lui a déclaré une de ses amies je t'aime encore plus aujourd'hui. » •
BRUNO TRIGALET
« Requiem pour un paumé », par Christine Dumoulin-Lakière Éd. Bénévent. 16,50 E. Réservations chez Majuscule Armentières où l'auteur fera une séance de dédicaces le 12 décembre de 10 h à midi et de 14h à 18h.