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19 février 2011 6 19 /02 /février /2011 18:16

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Armentières
Dimanche 29 novembre 2009

• UN VISAGE, UN JOUR CHRISTINE DUMOULIN-LAKIÈRE

« Requiem pour un paumé » : l'hommage touchant d'une soeur à son frère
 Christine Lakière s'est mise au clavier de son ordinateur, avec la photo de son frère sous les yeux, et a écrit son livre en trente jours. / Photo : La Voix du Nord
Christine Lakière s'est mise au clavier de son ordinateur, avec la photo de son frère sous les yeux, et a écrit son livre en trente jours. / Photo : La Voix du Nord

Émouvant. Le « Requiem pour un paumé » de Christine Lakière, qui doit sortir ces jours-ci aux éditions Bénévent, est un témoignage poignant. L'histoire - vraie - d'une soeur qui a tiré son frère Maxime Dumoulin des griffes de trois jeunes qui l'avaient séquestré et battu au point que, quelques semaines plus tard, il mourait au CHR de Lille. Ce livre, c'est aussi un gros coup de gueule contre la police à laquelle Christine Lakière reproche de n'avoir rien fait pour sauver son frère. C'est surtout le dialogue touchant et souvent drôle entre une soeur et son frère. « Cet après-midi, de nouveau, je viens vers toi... » Pendant plus de deux mois, Christine Lakière se rend chaque jour au service « réanimation » du CHR de Lille. Soixante-sept jours durant lesquels elle parle à son frère, « rattaché au monde par des respirateurs et des tuyaux ». Bien sûr, Maxime ne répond pas, plongé qu'il est dans le coma depuis son admission au CHR. « Du côté de la conversation, tu ne concours pas pour le premier prix » lui reproche-t-elle en souriant. Qu'importe, Christine sent confusément qu'en lui parlant, elle contribue à maintenir Maxime en vie. Alors elle raconte, chaque jour, un chapitre de son histoire et de leur histoire commune. Elle se livre, Christine, trempe sa plume dans l'encre de la sincérité. Les traumatismes de l'enfance, les secrets enfouis, les amours, les indignations. Tout ça avec légèreté et, très souvent, humour, malgré le poids de l'angoisse puis celui du chagrin qui fera vaciller sa raison.

« Pourquoi j'ai décidé d'écrire un livre ? » Christine Lakière, qui nous reçoit dans sa maison de la rue du Kemmel à Armentières, tend un papier : « Pour ça ! ». Il s'agit d'une ordonnance de non lieu signé du procureur de la République tombée dans sa boîte aux lettres le 11 mars 2009. « Le soir même, je commençais à écrire et je ne suis plus arrêtée pendant trente jours ». « De 9 h à midi et de 14 h à 17 h » précise Thierry, son mari. L'ordonnance en question est en fait, pour parler simple, une fin de non recevoir de la justice après l'action intentée par Christine Lakière contre les services de police pour « non assistance à personne en péril ». Car le chagrin de Christine après la mort de son frère Maxime est sans doute aussi grand que sa colère. Bref rappel des faits : le 27 avril 2004, Christine Lakière constate la disparition de son petit frère, alors âgé de 42 ans. Depuis l'enfance, Christine veille sur son petit frère, un garçon doux, pas comme les autres, qui vit dans un nuage de gentillesse et de tendresse. Elle est inquiète. prévient la police. Pas normal qu'il ne donne plus signe de vie, lui qui ne lassait pas passer une journée sans voir sa soeur. Elle se doute qu'un certain Jérôme - un mauvais garçon qui lui avait mis le grappin dessus - est derrière cette histoire. La police ne prend pas au sérieux le signalement de Christine. Le 3 mai, c'est elle-même qui sort son frère des griffes du trio qui, depuis cinq jours le séquestre et le roue de coups. Mais quand elle récupère son frère et met en fuite Jérôme sur son scooter, il est trop tard : Maxime est salement amoché. Il succombera à ses blessures deux mois plus tard. Christine raconte tout cela et la suite : les obsèques de son frère avec un morceau de Jimmy Hendrix la machine judiciaire qui se met - enfin - en route l'arrestation des deux garçons et de la fille, mineure la mort, en détention, de Jérôme le procès, à la cour d'assises de Douai, à la mi-octobre 2007. D'une plume alerte, touchante de sincérité, Christine nous fait découvrir, de l'intérieur, le monde des visiteurs des services de réa, celui des justiciables qui se démènent tant bien que mal avec la police, celui des parties civiles qui attendent tant d'un procès. Et celui d'une petite fille devenue femme libre et tellement fragile. « Je t'aimais beaucoup avant de lire son livre, lui a déclaré une de ses amies je t'aime encore plus aujourd'hui. » •

BRUNO TRIGALET

 

« Requiem pour un paumé », par Christine Dumoulin-Lakière Éd. Bénévent. 16,50 E. Réservations chez Majuscule Armentières où l'auteur fera une séance de dédicaces le 12 décembre de 10 h à midi et de 14h à 18h.

Les rédactions de La Voix du Nord

 

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